Le Temps des Contes

Un RPG reprenant les bases de OUAT dans un contexte inédit et de nouveaux lieux, avec les anciens de la série et les nouveaux. Bienvenue à Bourg-Le-Conte !
 
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 Le laisser-passer A38 || ft Stella

 
M. Desmond Waldbrant

M. Desmond WaldbrantHansel

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Conte : Hansel & Gretel || La petite fille aux allumettes

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MessageSujet: Le laisser-passer A38 || ft Stella   Le laisser-passer A38 || ft Stella EmptyLun 19 Nov - 11:13


Le laisser-passer A38

Le laissez-passer A38. Vous avez le formulaire bleu ? Le formulaire bleu ? Non. Alors comment voulez-vous obtenir le laissez-passer A38 ? Et où trouverais-je le formulaire bleu ? Guichet 1 ! Mais j'en viens !


Desmond n’était pas quelqu’un qui perdait si facilement patience. Il était même plutôt tolérant quand les choses devenaient trop lentes à son goût, mais le stress de tout ce qui était en train de changer dans sa vie commençait à le drainer de manière exponentielle. Ça n’était pas tous les jours qu’on apprenait sa paternité, et l’idée de rencontrer sa fille le faisait se sentir de plus en plus tendu et anxieux, à mesure qu’on jouait au ping-pong avec ses nerfs.
Desmond avait commencé par la mairie ; il avait présenté la lettre, mais la personne a l’accueil l’avait simplement regardé bizarrement en lui disant qu’il ne savait pas où se trouvait la petite. Le coeur de Desmond avait raté un battement en entendant cela, et il avait simplement fixé l’inconnu l’air de dire « vous vous fichez de moi », la bouche entreouverte. Comment pouvait-on perdre la trace d’une enfant dans une ville qui n’avait rien d’une métropole ?
Il avait soupiré, et s’était dit que la personne en face de lui n’était simplement pas tenue au courant des affaires des services sociaux. Il avait alors demandé où il pourrait trouver lesdits services sociaux, et l’accueil lui avait simplement fourni l’adresse de l’orphelinat. Desmond était ressorti confus, et le malaise commençait à grimper en lui. Il avait l’impression grandissante que toute cette histoire n’était qu’une vaste plaisanterie, et le stress ne fit qu’augmenter quand il lâcha malencontreusement son téléphone, qui se brisa sur un caillou placé au mauvais endroit au mauvais moment. L’appareil était en ruine, fissuré et ne s’allumait plus. Lassé, Desmond l’avait mis dans sa poche et s’était dirigé vers l’orphelinat, non sans se perdre dans la bourgade et se prendre passablement de regards de travers, bien que cela ne le surprenait pas tant que cela ; les villages de montagne avaient souvent l’habitude d’une certaine tranquillité, truffés d’habitants qui étaient là depuis des années, voire des générations. Les nouveaux venus n’étaient pas monnaie courante.
La chose qui l’avait surprit cependant, dans son petit voyage en voiture à travers les rues, c’était à quel point la bourgade semblait fonctionner par elle-même. En général, les petites villes et gros villages étaient dépendants d’une ville plus grande, même simplement pour des infrastructures comme un service d’urgences, un institut sportif, ce genre de choses. Bourg-le-Conte avait la taille d’une ville où il y aurait à tout péter une pharmacie, peut-être un ou deux médecins de famille, une école primaire ; mais pas carrément un hôpital entier et qui semblait équipé de tout ce dont une population avait besoin, ni deux bâtiments adjacents qui abritaient les jeunes de la maternelle à l’université.
En fait, Bourg-le-Conte ressemblait à son propre petit monde.
L’impatience avait pris le dessus cependant, l’agacement aussi, et il ne s’était pas posé plus de questions que cela. Peut-être Bourg-le-Conte était-il un lieu de tourisme très prisé et qui avait les moyens de vivre ainsi en quasi auto-suffisance. Pour le reste, ça n’était pas ses affaires, et les regards des badauds dans la rue le lui faisait comprendre.
Il n’eut pas plus de chances à l’orphelinat. Ils n’avaient aucune trace d’une dénommée « Molly Hansen », mais faisaient de leur mieux pour le rassurer en lui disant qu’elle ne devait simplement pas avoir été placée à l’orphelinat, et qu’elle devait être en famille d’accueil. Desmond avait alors demandé plus d’informations sur cette famille d’accueil, mais sans dossiers et sans preuve de ce qu’il cherchait hormis une lettre, ils ne pouvaient divulguer la moindre information et lui conseillaient de se rendre plutôt au commissariat.
Exit l’orphelinat, exit la patience aussi ; la journée avait bien avancé, et il se retrouva à nouveau près des écoles, où il ne put s’empêcher de jeter un coup d’oeil aux enfants qui sortaient des cours. Bien sûr, il n’avait aucune idée de l’apparence de sa propre fille, ce qui était bien ironique quelque part, mais à voir la tête des parents qui venaient chercher les petits, l’observant passer avec sa voiture, il se hâta de mettre les gaz. Bientôt, il parqua devant le commissariat, et c’est à bout de patience qu’il passa la porte, mort d’angoisse mais affichant un air très frustré.
Il ne savait même pas quoi chercher à ce stade.

« Je cherche quelqu’un. »

La pièce spacieuse façon open-space était quasiment vide hormis quelques agents dispersés ici et là, et Desmond n’avait pas la moindre idée à qui s’adresser en premier.
Il avait accosté une femme élégante aux cheveux très blonds, et qui respirait l’autorité. Avec un peu de chance, il était tombé sur la cheffe du coin, ce qui serait probablement beaucoup plus simple qu’avoir à faire à un bleu. Il se frotta les sourcils, et reprit, voyant que son ton sec ne passait pas très bien.

« J’ai reçu une lettre officielle de cette ville il y a quelques temps, me disant de me pointer dans le coin, mais personne dans cette ville à l’air capable de me dire où je dois aller. En fait… je suis papa. »

Il se sentait un peu benêt dans sa manière de parler, mais quelque part il avait un peu honte de divulguer comme ça « salut je suis le papa d’une fille dont je viens d’apprendre l’existence et on me demande de l’assumer maintenant ». Il sortit la lettre et la tendit vers la jeune femme, non sans une touche d’impatience dans son geste, n’ayant pas envie d’expliquer le problème pour la énième fois de la journée.

« Je viens de l’apprendre. J’ai reçu cette lettre pour faire valoir mes droits de paternité, et dans le cas où je ne le fais pas elle sera placée dans le système. Sauf que personne ici a l’air de savoir de quoi il s’agit ni même si l’on a des … des services sociaux dans ce trou perdu. »

Il avait presque eut recours à l’insulte, mais ça n’était clairement pas le moment. Il avait encore suffisamment de calme en lui pour l’éviter.

« J’ai l’impression que quelqu’un me fait une énorme blague et il n’y a rien que je déteste plus qu’être pris pour un idiot. Vous pouvez m’aider ou non ? Elle s’appelle Molly Hansen, elle a huit ans. »

Il soupira, et garda les yeux fixés sur la femme blonde, gardant les bras croisés et les sourcils froncés.
Au fond, il avait une peur grondante qu'on lui dise que Molly Hansen n'existait pas, que tout cela était un piège pour le faire venir à Bourg-le-Conte pour une raison inconnue, et que tout cet ascenseur émotionnel lui avait coûté toute son énergie pour rien.

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MessageSujet: Re: Le laisser-passer A38 || ft Stella   Le laisser-passer A38 || ft Stella EmptyJeu 22 Nov - 20:06



"Le laisser-passer A38"

Mais il me faut le laisser-passer K28 pour vous donner le laisser-passer A38 !  - Desmond & Stella



La journée avait commencée sans qu'aucun changement ne soit notable. Elle avait ouvert les yeux fatiguée, se retournant dans son grand lit froid qui emmêlait le drap fin entre ses jambes. Fatiguée, lasse, comme tout les matins qui semblaient passer sur elle sans rien changer, elle avait finit par se tirer du lit, roulant plus qu'elle ne s'était levée. Ses pieds trouvèrent rapidement des chaussons fins après avoir frissonné au contact du sol froid, et elle avait enfilé un peignoir pour arriver à la salle de bain. L'ambiance glacée de la pièce ne la réveilla pas plus, et elle se plaça devant le lavabo, en face du miroir. Les gestes mécaniques prirent possessions de ses bras, étalant le maquillage sur ses yeux, ses joues, ses lèvres, sans qu'elle n'y fasse attention ? Chaque jour les mêmes gestes, les mêmes habitudes creuses qui ne serviraient pas. Elle passerait à nouveau la journée dans une solitude factice, entouré des agents, de la population, sans jamais chercher plus loin. La femme abandonna son peignoir pour revêtir son uniforme, ne perdant pas de temps à s'habiller autrement. Elle avait l'impression de ne vivre que pour son travail chaque jour passant, mais c'était sûrement vrai, et elle habitait juste au-dessus du poste : pas de temps à perdre.  Un chemisier bleu pâle, une jupe presque noir, des escarpins au talon épais qui laissait les amateurs se tromper – oui elle pouvait courir avec elle, non elle ne ferait pas – et des collants beiges pour se protéger du froid, et elle était prête pour partir travailler. Enfin presque. Endormie jusque tard dans la matinée, elle n'avait pas entendu les cloches sonnées le matin.

Il fallut encore une poignée d'une dizaine de minute pour que les talons claquent dans l'escalier interne du commissariat, un plateau en équilibre sur une main. Il trouva rapidement sa place sur le bureau principale du poste, sur l'un des cotés, et elle-même se laissa tomber sur son épais fauteuil de bureau où elle allait passer le reste de la matinée. Moelleux et confortable, elle s'y fondit tandis qu'elle vidait son plateau repas, observant d'un œil peu attentif le journal que son agent avait pris le soin de laisser là pour elle ce matin. Il n'y avait pas grand chose d'intéressant, bien qu'elle s'y attendait déjà : Stella était en général l'une des premières au courant des affaires de la ville, que cela soit par son statut de commissaire lui donnant accès à toutes les informations ou par ses échanges dans la journée avec les habitants ou le maire. Lisant distraitement donc, elle termina rapidement le petit-déjeuner préparer et commença à travailler. Pour la première partie de la journée, elle s'arrangeait toujours pour faire quelques classements de papiers, rien de bien affolant ou de compliqué, ainsi que garder un œil sur les affaires en cours ou tout juste terminé et à archiver. Il fallait reconnaître, une fois encore, qu'à Bourg-le-Conte, elle ne croulait pas sous le travail. Le poste était parfait pour elle, bien que le manque d'action se fasse parfois ressentir en fin de journée. Chaque jour de travail semblait être le même, tout comme les jours de repos qu'elle oubliait facilement.

Le midi venu, elle était sortit avec la voiture de fonction déjeuner comme chaque fois chez Granny, dans son auberge familiale et décontractée. La jeune femme y avait pris son temps, profitant de la faible charge de travail qu'elle supportait pour se détendre. Puis, le repas terminé, elle avait sauté dans sa voiture de fonction, celle en fait qui lui servait quotidiennement, pour faire un tour de ronde dans toute la ville, ses rues, son centre et ses alentours. Elle était passé devant la mairie calme et l’hôpital déserté, près de l'école où les parents commençaient à affluer.Ce n'était pas nécessaire, mais faisait partie de ses habitudes indélogeables : elle avait un peu l'impression, ainsi, de garder un œil vigilant sur la petite ville, comme une gardienne veillerait sur ses protégées. Éloignée du centre, elle n'avait pas entendu les cloches sonnées le midi.

De retour au bureau, elle le retrouva plus agité qu'habituellement. Les trois agents qui étaient présents pour l'après-midi parlaient de voix vive et forte, s'interpellant de leur bureau, tournant sur leur chaise pour se répondre et apostropher un autre. Ses sourcils se haussèrent bien haut à cette vue, elle qui était habituée au calme constant du poste. « Allons allons, que se passe-t-il ici ? Se pourrait-il que nous ayons une affaire sur les bras ? ». Après tout, l'espoir faisait vivre. Si longtemps qu'il n'y avait rien eu de croustillant à se mettre sous la dent. Les trois agents se tournèrent vers elle, secouant la tête. Ils lui expliquèrent alors qu'il y avait du mouvement en ville. Cancaner, était-ce ce qu'ils avaient appris à l'école de police, rapporter des rumeurs ? Était-ce ce que elle leur avait appris?! Les sourcils étaient à présent froncés, et ils ne manquèrent pas d'expliquer que des individus inconnus et étrange étaient arrivées en ville ce matin. La surprise marqua son visage. Rien n'interdisait aux étrangers de venir en ville, mais la nouvelle était surprenante en effet. Qui pouvait bien venir dans ce coin paumé dans les montagnes ? Et puis, elle faisait tout de même un minimum confiance à ces agents. Si louche ils avaient vu, louche il y avait. « Nous surveillerons ces individus alors ». Elle dispersa rapidement l'agitation, s'installant à son bureau.

L'attention, qui faisait tant défaut aux longues après-midi ennuyeuses de leur poste, prit définitivement possession de chacun lorsqu'un homme passa la porte. Stella, de son bureau sur le coté, observa d'un regard en coin l'homme qui se tenait là, l'air un peu perdu. Grand, brun, avec une barbe lui rongeait les joues, il n'était pas très intimidant. Était-ce lui, le nouveau venu ? Elle était certaine de ne jamais l'avoir vu en ville. Il ne lui paraissait pas très louche en tout cas. Tout naturellement, il s'était dirigé vers elle, et la cheffe avait pu sentir les discrets soupires de soulagement des agents qui préféraient la laisser gérer l'affaire. Stella le laissa donc poser son problème, le visage aussi ouvert que possible pour comprendre ce qui amenait un étranger dans son poste. Elle saisit la lettre lorsqu'il lui tendit, la parcourant en biais tout en écoutant ce qu'il pouvait lui expliquer. Ses sourcils, décidément expressifs, se relevèrent à nouveau en entendant la petite pique contre Bourg-le-Conte. Mais qui était-elle pour contester, quand elle pensait la même chose ? Elle aimait bien ce lieu, certainement, mais il ne fallait pas nié la vérité.

L'histoire ressemblait en effet, en tout cas, à une vaste blague et elle prit un air ennuyé à l'écouter. Elle n'avait jamais été au courant de l'envoie de cette lettre, et elle s'apprêta à le renvoyer chez lui lorsqu'il donna le nom de la petite fille. Molly Hansen, cela lui chatouillait l'esprit, et elle tapa rapidement le nom sur la base de recherche. Il y avait bien une fillette, dans une famille d’accueil. Mais aucune mention d'une lettre envoyée, de prise de contact avec un possible père, rien. « Il y a bien une petite Molly à Bourg-le-Conte monsieur. Mais je n'ai aucune information concernant l'envoie de cette lettre à part que je la tiens entre mes mains ». Elle regarda plus attentivement le papier, glissant des lunettes de vue sur son nez pour se concentrer dessus. Ce pauvre homme perdu avait l'air bien perdu, et plutôt sincère. Elle avait eu un léger doute l'effleurant en écoutant l'histoire, la peur d'avoir affaire à un kidnappeur d'enfant. Les enfants comme Molly était des proies privilégiées de ces gens-là, peu importe ce qu'ils en faisaient après : seule, placée, il était crédible qu'elle tente une fugue et s'en aille. La seule preuve étant, peu de temps avant, cet homme venu chercher des renseignements... Mais cet homme, ce jeune père, n'avait pas vraiment le profil, et elle ressentit un peu de peine pour lui.

Elle attrapa un stylo et un bloc-note estampillé police sur un coin de son bureau, notant des adresses tandis qu'elle lui annonçant la marche à suivre. « Écoutez, je ne peux vous donner aucun renseignement sur elle, vous comprenez je n'ai que cette lettre comme preuve, je dois respecter le secret professionnel. Vous n'avez pas du vous adresser aux bonnes personnes, c'est tout ». Le stylo glissa rapidement, de manière élégante sur le papier, et elle finit par l'arracher, enlever ses lunettes, et lui tendant par dessus le bureau. « Adressez-vous plutôt à l'orphelinat, c'est eux qui gèrent les enfants. L'employée qui vous a éconduit a du prendre peur, ne vous connaissant pas, et vous mettre sur une fausse piste. Demander plutôt le directeur.  Après l'entretien et les papiers signés, rendez vous à la mairie. Elle est au centre de la ville, vous ne pouvez pas la manquer, à l'intérieur demander le bureau des services sociaux, c'est sûrement eux qui vous ont envoyé cette lettre. ». Elle lui adressa un sourire, le sens du devoir accomplit. Cela n'avait pas été très compliqué après tout, et cette petite entorse à son habituelle après-midi agréable. Autour d'eux, les agents étaient retournés à leur bureau, leur curiosité assouvie : ce ne serait pas aujourd'hui finalement que les choses allaient bouger au poste de police de Bourg-le-Conte.

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M. Desmond Waldbrant

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MessageSujet: Re: Le laisser-passer A38 || ft Stella   Le laisser-passer A38 || ft Stella EmptyMar 27 Nov - 15:45


Le laisser-passer A38

Le laissez-passer A38. Vous avez le formulaire bleu ? Le formulaire bleu ? Non. Alors comment voulez-vous obtenir le laissez-passer A38 ? Et où trouverais-je le formulaire bleu ? Guichet 1 ! Mais j'en viens !


Desmond aimait de moins en moins l’expression sur le visage de son interlocutrice. Elle l’écoutait comme le faisait tous les flics, avec l’air d’en avoir rien à cirer, ou d’avoir des choses plus importantes à faire, et cela lui tapait sur les nerfs. À vrai dire Desmond n’avait jamais aimé les policiers. Il voulait bien reconnaître avec le recul de ses trente-cinq ans que leur métier n’avait rien de facile ; il n’était pas prêt cependant à admettre qu’ils soient les saints qu’ils prétendaient être. Desmond avait eu ses propres démêlées avec la justice, rien de bien grave certes mais ces quelques infractions de jeunesse avait suffit à lui coller une étiquette de mauvais garçon pour tous les policiers qu’il croisait dans sa vie. Ces individus se basaient sur la tête du client, et la plupart du temps ne les écoutaient pas, préférant se baser sur ces premières impressions fallacieuses. Tout ce qu’ils voyaient c’était des voleurs, des criminels, et les délis pouvaient être aussi anciens que l’on voulait, la personne pouvait avoir changé du tout au tout qu’ils n’en avaient rien à faire. Ça les amusaient bien que de pouvoir gonfler le torse et marcher comme des gorilles pour se donner de l’importance, et en trois cliques sur un ordinateur ils pouvaient faire passer le petit délinquant pour le pire des assassins.

Enfin, il avait du mal à imaginer la femme devant lui marcher comme un gorille, et vu la réaction générale en entrant dans la pièce, elle avait surtout l’air de s’ennuyer à mourir. Desmond avait deviné juste ; Bourg-le-Conte était un trou perdu où rien ne se passait jamais, où les journées se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. À vrai dire, il se demandait s’il n’y était pas déjà venu puisque apparemment une ancienne conquête et leur fille y vivait, sans pouvoir mettre le doigt dessus.

Maintenant qu’il y pensait… Il était parfaitement incapable de se remémorer le visage de la femme qui serait la mère de Molly. Desmond n’avait jamais été un prince charmant, surtout à une autre époque, où il était nettement du genre à dire n’importe quoi pour séduire une femme le temps d’une nuit, juste une nuit, disparaissant avant le lever du jour. Il aurait aimé pouvoir dire qu’il était un grand romantique qui cherchait le grand amour à travers des passades, mais la réalité était qu’il n’était simplement pas prêt de se poser. Pas par irrespect pour ces dames, simplement car il n’en avait pas envie. Rien ne l’enchantait plus que rencontrer une femme avec le même état d’esprit que lui, quelqu’un avec qui il n’aurait pas besoin de se prendre la tête, lui qui était déjà suffisamment paumé tout seul.

Mais…

Il eut un regain d’espoir en entendant la confirmation de la commissaire. Molly existait bel et bien. Son coeur battit un peu plus fort, soudain rendu nerveux que tout ceci n’était pas une blague, finalement, qu’il était père, père d’une petite fille inconnue qu’il s’apprêtait à découvrir, à aimer et à chérir, à tout faire pour lui donner la plus belle vie qu’elle puisse avoir. Il ne savait pas d’où sortait cet optimisme soudain, cette détermination à vouloir être le père qu’il n’aurait jamais voulu être quelques années plus tôt, mais étrangement, il avait l’impression que ce trou béant qui le hantait depuis l’enfance était sur le point de se combler.

« Ah ! Eh bien pourtant cette lettre existe puisqu’elle est dans vos mains. Ce n’est pas de ma faute si vos services de communication sont incompétents. » C’était un mélange d’excitation, de frustration et d’impatience qui commençait à s’emparer de son corps. Ce fut la frustration qui gagna le combat contre les deux autres cependant, lorsque la commissaire l’envoya se promener à nouveau du côté de l’orphelinat. Il attrapa d’abord le bout de papier en silence, puis, les sourcils froncés, esquissa un mouvement en direction de l’entrée. Puis, enfin, il reprit place face au flic devant lui. « Madame, j’en reviens de l’orphelinat. Je suis passé à la mairie avant, ils n’ont rien compris à ce que je cherchais, et l’orphelinat n’a aucune trace de Molly. Je leur ai pourtant donné cette lettre ! Ce n’est quand même pas possible de perdre la trace d’une petite fille de sept ans à peine ! C’est au directeur que j’ai parlé d’ailleurs, il n’avait pas l’air content que je sois là. Mais moi j’ai reçu cette lettre, Molly Hansen existe bel et bien selon vos dires alors j’aimerais des réponses à cette mascarade ! » Il se frotta le visage un instant, essayant de recouvrer son calme. Puis, il réalisa quelque chose de très important.

Il n’avait strictement aucune preuve de sa paternité.

« Je connais vos procédures légales bidons. Je suis passé à la mairie, ils m’ont envoyé à l’orphelinat, qui m’a envoyé ici, et vous me renvoyer maintenant à l’orphelinat. Ça va juste être un ping pong admnistratif et je ne pourrai pas voir ma fille tant que vous n’aurez pas réglé le problème, et connaissant le judiciaire vous ne le réglerez que quand ça vous arrange. Vous ne m’avez même pas demandé mon identité ! » Il tapota ses poches, et se rendit vite compte que son portefeuille était resté dans sa voiture. Il poussa un soupir. « Je m’appelle Desmond Waldbrant. Mon dernier domicile en date est à Aurillac, en Auvergne. J’y ai reçu une lettre officielle de VOTRE ville qui me demande d’être le père d’une petite fille qui a besoin d’une famille, et maintenant ce serait à moi de faire VOTRE travail ? » Ce n’était peut-être pas la meilleure stratégie d’attaque, mais Desmond était bien trop à bout de patience pour en trouver une autre. « Si on m’a envoyé au commissariat c’est que vous êtes les plus à même de m’aider, maintenant faîtes votre boulot, appelez les services sociaux, je ne sais pas, mais cette lettre n’a pas pu sortir de nulle part ! »

Bien sûr, il ne croyait pas si bien dire...

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MessageSujet: Re: Le laisser-passer A38 || ft Stella   Le laisser-passer A38 || ft Stella EmptyMar 11 Déc - 11:37



"Le laisser-passer A38"

Mais il me faut le laisser-passer K28 pour vous donner le laisser-passer A38 !  - Desmond & Stella



Le sourire se fana rapidement sur son visage. Avait-elle pensé que cette fin d'après-midi serait agréable, interrompu par un petit problème mineur qu'elle avait voulu résoudre rapidement et en étant plutôt sympathique ? Après tout, rien ne l'obligeait à donner les adresses à cet homme, et elle aurait du plutôt s'en méfier, il venait de l'extérieur, avec une lettre sortit de nul part. Mais non, elle avait fait un geste vers ce probable père un peu perdu, elle avait voulu l'aider et le guider sur le bon chemin. Elle commençait déjà à regretter. A peine avait-il commencé à partir, sous son regard bienveillant, qu'il était revenu se planter devant elle. Et il n'avait pas l'air ravi. Ses sourcils se froncèrent de plus en plus à mesure qu'il déblatérait son petit discours de colère, lui expliquant oh combien les services de sa ville était incompétent à garder une petite fille. Mais n'avait-il pas saisit que ce n'était pas ça le problème ? Sa main se crispa sur le stylo qu'elle tenait encore, sentant la rage commencer à bouillir dans ses veines. A l'écart, dans le fond du commissariat, un agent commença à jeter des coups d’œil sans intervenir. Après tout, si elle avait besoin d'aide, il le saurait rapidement, il la laisserait donc gérer le problème. Stella, de son coté, le laissa déblatérer tout ce qu'il avait à dire et reprocher, attendant le bon moment pour prendre la parole et fermer son clapet à cet homme ma foi bien irrespectueux et pénible. Entre ses mains, un clik-clik résonnait de plus en plus vite répondant à son geste nerveux d'ouvrir et fermer le stylo. « Monsieur, vous allez maintenant baissé d'un ton, où bien cela pourrait vous apporter des ennuis. Vous êtes dans un commissariat ici, pas sur le marché aux bestiaux ! ». Elle-même contrôlait, à grande peine, le ton de sa voix pour ne pas se mettre à lui répondre trop fort. « Vous allez ensuite vous calmer, car vous n'arrangez pas votre situation. La trace de Molly Hansen n'a jamais été perdu, je ne vous indiquerait simplement pas où la trouver, c'est une mesure de protection. Et il est hors de question que je vous donne son adresse ! C'est une enfant, et c'est pourquoi nous la protégeons, vous devriez comprendre cela non ? Elle ne sera pas laisser à la portée de tout un chacun arrivant dans cette ville ! ». Elle avait terriblement envie de se lever et de déambuler dans les étroites allées entre les bureaux, pour se distraire de la colère qui enflait en elle comme une tempête sur le point d'éclater.

Il critiquait la ville, et même si elle pouvait comprendre que les renvois administratifs puissent être épuisant, il en allait de la sécurité de l'enfant ! Il critiquait de plus son travail, et ça elle ne pouvait le permettre ! Elle se sentait piquée dans son orgueil, agressée verbalement et attaquée dans sa fonction, la réponse ne saurait tarder à venir puisque ce n'était pas la chose à faire. Stella était gentille, Stella était avenante, mais elle était aussi très vaniteuse. Sa réponse, virulente quoique au ton toujours à peu près maîtrisé, donna à sa voix une hauteur de son quelque peu aiguë. « Je ne vous permet pas de plus de m'apprendre comment faire mon travail ! J'ai déjà relevé votre identité, Monsieur Waldbrant, sur la lettre que vous m'avez laissé examiner. Bien sûr, si elle s'avère être fausse, ce n'est pas une preuve. Mais puisque vous vous inquiétez que je puisse bien connaître votre nom, je vous demanderais de me donner de vrais papier d'identité afin de vérifier qui vous êtes réellement. Si cela est important pour vous, je me dois de vérifier en profondeur après tout ». La demande était claire, et elle espérait qu'il la comprendrait très bien. Parce qu'elle ne le laisserait pas partir maintenant sans avoir vu ses papiers. Puisqu'il insistait tant là-dessus, le fait devenait aussitôt louche. Après tout, cela devait être frustrant de construire une fausse identité pour qu'elle ne soit pas vu. Bien sûr, Stella ne pensait pas vraiment avoir affaire à un kidnappeur d'enfant, mais le doute était toujours permis, maintenant plus que tout à l'heure. «  Monsieur, sachez que ce n'est pas mon travail pour le moment. C'est aux services sociaux et à l'orphelinat que vous devez vous adresser pour obtenir l'autorisation de voir la petite fille, certainement pas au commissariat de police ! C'est à eux de vérifier que vous êtes bien celui que vous prétendez être, et que vous êtes assez responsable pour pouvoir ne serait-ce que la rencontrer. Je ne pense pas qu'ils voudraient remettre la petite fille à n'importe qui, père biologique ou non. Parfois, les enfants sont bien plus heureux avec une autre famille ». La jeune commissaire souffla un bon coup, reprenant la maîtrise d'elle-même. Cet homme la mettait dans un état indescriptible, surtout après une très longue pause dans son travail.

Il n'y avait quasiment jamais aucune affaire en cours, et jamais de cet ordre là. Elle se sentait toucher par cette histoire, la protection de l'enfance était un sujet qui lui tenait à cœur... et qu'elle évitait comme la peste. Elle aurait pu faire partie d'une brigade pour cette protection, mais elle avait rapidement refusé. Stella ne pouvait accepter que des horreurs soient comices envers ces êtres innocents et si jeunes, et le simple fait de le savoir la mettait déjà hors d'elle. Elle pouvait s'en rendre malade sur ce genre d'affaire, alors travailler au quotidien sur ce genre de choses ? Elle avait dit non, trop difficile. Elle ne serait jamais prête à travailler ainsi pour le reste de sa vie, au contact d'enfants blessés par la vie. « De plus, monsieur, vous devez savoir que vous pourrez la voir une seule fois après avoir régler vos affaires avec les services sociaux. Pour aller plus loin dans la procédure, il vous faudra passer par le bureau de notre juge, qui examinera votre dossier. Ce méli-mélo administratifs, ce ping-pong comme vous dites, est là pour que nous nous assurions que tout est fait pour le bien être de l'enfant. Ne vous avisez pas de critiquer ce système à l'avenir devant moi, il protégera l'enfant d'éventuels menaces... ou de vous ». Elle fit une pause, lourde et significative de sous-entendu. Pas qu'elle y croyait dure comme fer, mais elle devait faire comprendre à cet homme le pourquoi de toutes ces procédures. Elle repris, sans lui laisser le temps de répondre. « Amenez-moi vos papiers s'il-vous-plait, que je vérifie votre identité. Et ne vous avisez pas de vous enfuir, vous n'irez pas bien loin dans la montagne ou ailleurs avant que je ne vous retrouve. Vous êtes ici en territoire inconnu, monsieur Waldbrant, et c'est mon domaine, ne l'oubliez-pas. ». Elle se leva alors, indiquant la sortie sèchement.

Stella en profita pour rejoindre l'agent resté au fond de la pièce, à observer du coin de l’œil le dérouler des événements. Les autres agents n'étaient plus sur place, occupés et retenus ailleurs, et celui-ci était resté dans le coin pour soutenir sa cheffe. Pas qu'elle était incapable, mais il n'oubliait pas qu'elle pourrait avoir besoin d'aide. « Appelle les services sociaux pour moi, veux-tu ? Explique leur ce qu'il se passe, cet homme commence à m'énerver sérieusement, et il n'a rien à faire ici. Qu'ils voient ce qu'ils peuvent faire, mais qu'ils fassent quelque chose. Plus vite il partira d'ici, et mieux nous serons au poste ». Et l'agent de hocher la tête, n'aimant pas non plus les histoires impliquant les enfants. Il disparu dans une pièce annexe, attrapant un combiné pour passer un appel sans être entendu. La jeune femme retourna s’asseoir à son bureau, attendant le retour de celui qu'elle voyait par la baie vitré.

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M. Desmond WaldbrantHansel

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Conte : Hansel & Gretel || La petite fille aux allumettes

Personnage : Hansel le jumeau de la petite fille

Avatar : Chris Pine

Date d'inscription : 17/10/2018

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MessageSujet: Re: Le laisser-passer A38 || ft Stella   Le laisser-passer A38 || ft Stella EmptySam 15 Déc - 17:14


Le laisser-passer A38

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Monsieur Waldbrant. Voilà une appelation bien formelle, le genre de combinaison de mots qui horripilait Desmond au plus haut point. Il n’aimait pas tous les déguisements du langage, même s’il se rendait compte de sa propre hypocrisie étant donné que sa manière de parler puait l’euphémisme. Desmond n’était pas quelqu’un qui aimait la confrontation, il aimait la franchise ; et les belles paroles avaient tendance à le provoquer plus qu’autre chose. Il se sentait atteint dans son honneur, dans son honnêteté, à travers les divers sous-entendus que la policière clâmait au fil de sa loghorrée ; bien sûr qu’il ne pensait pas qu’on lui donnerait l’adresse directe de sa fille, il n’était pas complètement idiot, mais il savait aussi la danse sans fin que les institutions administratives avaient tendance à imposer ne serait-ce que pour la plus petite problématique, alors dans un cas si délicat que le sien, ce serait tout simplement l’enfer, alors qu’il n’aspirait qu’à rencontrer ce qui deviendrait sa nouvelle raison de vivre, bien qu’il n’en avait pas encore totalement conscience.

À mesure que la policière parlait, il devenait de plus en plus blanc, en partie à cause du stress et de l’anxiété cumulés depuis qu’il avait ouvert la lettre, mais aussi à cause de toutes les horreurs qu’elle sous-entendait. Un « mais elle est conne ou quoi » flottait dans son cerveau et se lisait dans son regard et sa bouche entreouverte. Il n’arrivait pas à croire qu’elle puisse trouver cela suspect qu’il veuille prouver son identité alors que c’était pour les exactes raisons pour lesquelles elle pétait une pile à l’instant même, car il savait très bien qu’il y avait des malades dehors, et qu’il voulait prouver dès le début qu’il n’en était pas un. Bien sûr cette volonté d’être honnête et directe dès le début venait lui mordre les fesses comme à chaque fois, et le regard du commissaire avait changé, devenu suspicieux et accusateur à un tel point qu’il avait une envie folle de taper du poing sur la table, bien qu’il se retenait pour éviter d’aggraver son cas. Pour le moment.

Les enfants sont bien plus heureux avec une autre famille. Il protégera l’enfant d’éventuels menaces… ou de vous.

Desmond se tendit au maximum, complètement atteré par les sous-entendus constants de la commissaire. Il n’y avait que ressentiment dans son regard, alors qu’il ferma la bouche et lui lança un regard non pas menaçant mais qui soulignait parfaitement la fureur qui commençait à couler dans ses veines. Stella soutenait son regard, mais il n’en démordait pas. Elle tapait dans toutes ses insécurités ; oui, il avait peur, il était terrifié de peut-être ne pas être le père idéal, de ne pas être une bonne influence ou suffisamment autoritaire sur la petite qui avait déjà vécu huit ans sans lui. Il ne savait rien d’elle, ni ses chaussures préférées ni ce qui la consolait quand elle faisait un cauchemar, mais il savait au fond de lui à quel point il avait hâte de le découvrir, et que cette commissaire de pacotille envisage un seul instant qu’il soit capable de faire du mal à sa fille, sans même la connaître, le mettait dans une rage folle.

« Très bien. Je ne critiquerai plus votre travail ni votre service administratif. Mais je vous INTERDIT de sous-entendre encore une seconde que je puisse être une menace pour ma fille. Je ne la connais pas, je ne savais pas qu’elle existait il y a encore quelques jours à peine, mais il n’y a rien que je désire plus que d’être le meilleur père pour elle, alors cessez immédiatement de me prendre pour un de ces tarés qui feraient du mal à une petite fille. Son ton était d’une froideur loin de l’énervement qu’il avait démontré jusque là. Il était livide. « Laissez moi deviner, vous avez vécu une vie heureuse toute mignonne avec des parents parfaits qui vous passaient tout vos caprices ? Commissaire de police ou non je vous interdit de porter un jugement de valeur sur ce sujet, je suis TRÈS bien placé pour savoir ce qu’est la valeur d’une famille. Je vais chercher mes papiers, je les ai laissé dans ma voiture. »

Il valait mieux qu’il s’éloigne quelques minutes, bien trop sur les nerfs pour que cette discussion se termine sur une note positive. Il sortit du commissariat en prenant soin de balancer la porte comme si elle était en carton, avant d’ouvrir la portière de sa voiture pour y attraper son portefeuille. Il vérifia que sa cartre d’identité s’y trouvait bien, non sans pousser un profond soupir. Il essayait de se concentrer sur sa respiration ; il savait très bien qu’il était en train de faire très mauvaise impression et que ça se retournerait contre lui plus tard, mais c’était positivement insupportable que commissaire Parano le prenne pour un malade, lui qui avait si peur de ne pas être à la hauteur. Il était complètement affolé, perdu, même si au fond il savait qu’il était là où il devait être pour la première fois de sa vie, depuis l’instant où il était apparu à Paris sans aucun souvenir de ses sept premières années de vie, à part des fantaisies sur des allumettes et une sorcière dans la forêt.

Il connaissait la valeur d’une famille. Il avait eu la chance d’être adopté, contrairement à beaucoup d’enfants orphelins ; il savait que certains enfants adoptés trouvaient des familles aimantes qui ne faisaient aucune distinction avec un enfant biologique, mais ça n’avait pas été son cas. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un lien de sang apportait quelque chose qu’une adoption ne pouvait apporter ; ses parents adoptifs l’avaient aimé autant que leurs filles biologiques, l’avaient soutenu malgré les déceptions qu’il avait pu causer, mais ça n’avait jamais été tout à fait pareil que s’il était bel et bien né de leur sang. Il manquait quelque chose, une ressemblance, un tic, un défaut sur le visage, un trait de caractère, un lien qui rendait parents et enfants communs l’un à l’autre et qui faisait la promesse que parents n’hésiteraient pas une seconde à se sacrifier pour leur enfant. Desmond l’avait connu, du temps où il vivait encore chez lui ; ses parents faisaient tous les efforts du monde pour ne pas faire de différence entre lui et ses sœurs, mais cette différence existait. Peut-être à cause de l’adoption tardive, mais dans tous les cas, cette différence était là, subtile, quasiment imperceptible mais comme hurlant dans les oreilles de Desmond à chaque fois que cela se produisait. Un léger traitement de faveur, une mise en priorité de ses sœurs par rapport à lui, une déception plus grande quand il faisait une connerie comparée à une connerie de ses sœurs. Alors il voulait, non, savait au fond de lui que cette différence n’existerait pas entre un père et sa fille, entre deux personnes liées par le sang et par le destin, éloignés pendant sept ans oui mais qui sans le savoir se cherchaient ; car il se disait que ce qu’il cherchait depuis toutes ces années, même avant la naissance de Molly, c’était elle.

Il retourna dans le commissariat, non sans pousser un énorme soupir avant de passer la porte. Stella l’attendait de son œil toujours aussi suspicieux, et l’énervement grimpa à nouveau en flèche en lui, s’attendant à tout tandis qu’il lui tendait sa carte d’identité en silence.

« Voilà ma carte. Vous savez pertinemment que si j’insiste pour vous la montrer c’est justement pour vous démontrer que je suis légitime et quelle que soit votre opinion sur moi j’ai bien reçu cette lettre, et je suis parfaitement en droit de voir ma fille, au moins une fois comme vous dîtes. Ce n’est pas à vous de juger si je suis méritant ou non dans cette histoire, alors je vous demande d’arrêter de me regarder comme si j’étais le dernier des cinglés. » Il attendit qu’elle consulte ses fichiers ou il ne savait quoi, un petit sourire impertinent sur les lèvres. « Au fait, j’ai tapé juste non ? Une petite famille parfaite avec une jolie maison et un grand jardin ? J’imagine même un chien domestique tiens. Et un bon gros piston pour obtenir le job que vous avez, si vous voyez ce que je veux dire. »

Peut-être était-ce la provocation de trop…

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